• La mal aimée Chapitre -1- page -8-

      

     La mal aimée

     

    A vingt cinq ans, Geneviève avait un lourd vécu derrière elle. Éprouvée dans sa vie comme dans sa chaire, elle se sentait prise au piège dans une existence dont elle ne voulait pas. Elle refusait cet odieux mariage dont elle n'avait jamais voulu. Trop longtemps soumise à l'autorité de sa mère plus qu'à celle d’un père bien trop faible, ne cherchant même pas à contrecarrer tout ce que sa femme décidait. Geneviève n’acceptait plus d'être encore une fois dominée par qui que ce soit et encore moins par un mari qu’on lui imposerait. Ce qu’elle souhaitait, c’est être libre de ses choix et mener sa vie comme bon lui semblerait, sans que personne ne vienne y mettre son nez. Un long soupir souleva sa poitrine. Elle s'entendit, pour la première fois, prier à haute voix :

     Ô, mon Dieu ! Ayez pitié de moi ! Aidez-moi à voir plus clair dans cet avenir incertain qu'est le miens ! Que va être mon existence une fois sortie de cet hôpital ? Quelle décision dois-je prendre au sujet du bébé ?

    Toute la détresse du monde se résumait dans ces quelques mots prononcés dans un moment d’angoissante lucidité. C'était pour elle une incertitude insoutenable ! Elle était seule à mener son combat. Pas de parents aimants, compréhensifs auprès d'elle ? Personne à qui se confier, pas même une amie qui la soutiennent simplement en l'écoutant. L'amitié et le doux réconfort d'une oreille compatissante étaient inconnus d'elle. Elle était tout à fait consciente du vide qui l'entourait. D'ailleurs, qui aurait-elle bien pu intéresser ?

    — Qu'ils aillent tous au diable ! Se dit-elle.

    Geneviève ressassait ses tristes pensées lorsqu'elle aperçut la sage-femme qui, tout en adressant des compliments et des mots gentils ça et là, se dirigeait dans sa direction. Recroquevillée dans ses draps, elle la regardait s'approcher d'elle, un sourire attardé sur ses lèvres. Geneviève n'avait pas envie de la voir s'arrêter auprès de son lit, mais ne pouvait se soustraire à cette obligation du jeux des questions qu'elle sentait venir. Arrivée à sa hauteur, la sage-femme prit la chaise qui se trouvait au pied de sont lit et vînt prendre place tout à côté d'elle, près de la table de chevet. Sans attendre, elle commença :

    — Et bien, mon petit ? Comment allez-vous à présent ?

    Aucune réponse ne fusa des lèvres de Geneviève.

     

    A suivre...

     

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