• Mariage arrangé page -14-

     

     Mariage arrangé 

     

    Après avoir déposé tous ses achats un peu n’importe où, elle se laissait choir sur le vieux fauteuil de cuir craquelé, réservé à son mari qui, pour une fois qu’il n'était pas occupé, lui tendait les bras. Alors seulement elle entreprenait de regarder plus en détail ses folles dépenses faites sur un coup de tête. Ce n’est pas qu’elle avait peur de dépenser l’argent du ménage puisque ses parents l’avaient dotée pour avoir la paix, et parce que son beau-père ne l'aurait pas accepté sans une dote. Il fallait que madame Delaplace, radine comme pas deux, débourse la part qui revenait à Geneviève, une part qui lui revenait de droit. Pour ne plus la voir au magasin, sa mère devait faire une croix sur cette partie du capital dont elle ne verrait plus jamais la couleur. Cela lui avait été pénible, et Geneviève s’en réjouissait en y pensant.

    Ce qui l’inquiétait le plus, c’était la réaction de Robert à la vue de tous les achats que, d’après lui, elle n’avait nul besoin. Il détestait au plus haut point les extravagances de sa femme car il avait conscience de sa beauté. Geneviève se savait jolie et les toilettes lui plaisaient tout autant que le maquillage et la lingerie féminine. Il fallait qu'elle dissimule toutes ses folies aux yeux de son mari, afin d'avoir l’opportunité de les ressortir lorsque l'occasion se présenterait, et qu'elle pensait n’être pas trop éloignées dans le temps. Elle entreprit de trouver une cachette où il n’aurait pas l’idée d’aller voir. Dans la chambre à coucher, le lit n’était pas fait. Geneviève n’en avait cure. Robert avait beau lui faire des reproches sur la mauvaise tenue du ménage et lui interdire ses débordements, vindicative et contestataire par principe, Geneviève n’en faisait qu’à sa tête. Plus d’une fois il avait surpris sa femme en flagrant délit de sorties tardives et de dépenses qu’il jugeait inconsidérées. Cela finissait généralement très mal. Le couple s’affrontait, ne laissant derrière lui qu’un champ de ruines où gisaient produits de beauté piétinés, flacons de parfums de marques cassés, robes déchirées et lingerie fine réduite à de simples petits bouts de dentelle et de nylon qui n’avaient plus rien à voir, de près ou de loin, avec des dessous féminins. Les quelques meubles avaient aussi leur compte de coups, de trous, d'éraflures et de fêlures. Les chaises et le seul fauteuil bridge du logement se retrouvaient renversés, sans compter le carrelage qui avait des pets, les carreaux des fenêtres se retrouvaient fêlés ou cassés, et que sais-je encore. Quant aux bleus que la jeune femme récoltait au cours de ces confrontations orageuses : ils mettaient plusieurs jours à s’estomper et à disparaître complètement. Tout et n’importe quoi lui servait pour se défendre contre son mari. Bien souvent, le fer à repasser quand ce n’était pas le balai qu’elle tenait bien serré dans ses mains, lui était utiles de façon à intimider Robert. Elle se servait de n'importe quoi qui lui tombait sous la main et lui permettait de stopper son mari dans ses débordements de colère. Les projectiles volaient dans les pièces où ils se trouvaient au moment de l'altercation. En même temps qu'elle lançais des objets, elle hurlait pour ameuter le quartier. Pour ça, elle savait y faire ! L’issue de ces affrontements se terminait généralement au poste de police pour le mari ; mais pas avant que les coups n'aient plus sur elle. Il fallait prouver la maltraitance conjugale dont elle était la victime, et quand les policiers se rendaient compte des dégâts dans l'appartement, il fallait qu'elle se justifie en alléguant qu'elle même était bien obligée de se défendre !

     

     A suivre...

     

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