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    Refus du passé

     

    Pour en revenir à Geneviève, la jeune femme avait réussit la phase première de son plan : reprendre sa fille et en finir avec sa mère, ses sœurs, et pour couper définitivement avec sa famille, son père.

    Presque qu'un bon mois s'écoula dans le nid douillet de la grande villa de son ami le chirurgien qui l'avait accueillit avec sa petite Elisabeth. Pierre respirait la générosité dont il savait faire preuve aupré de sa protégée. Geneviève avait une confiance inébranlable en lui. Depuis qu'elle habitait à demeure chez son protecteur, elle savourait sans aucune gêne les bienfaits dont elle profitait pour sa petite et pour elle-même. Elle était libre de ses allées et venues dans les parcs ou elle rencontrait d'autres mamans heureuses de montrer leur enfant. Geneviève avait reçu en cadeau un très beau landau. Pierre lui avait offert tout le nécessaire pour le bien être de sa petite fille. Ses cadeaux la rendaient fière. Ce n'était pas qu'elle aima l'argent à un point tel qu'elle s'enorgueillissait de tous ses présents, mais elle aimait que sa petite ait de jolies choses. Son enfance en avait été trop privé pour qu'elle n'apprécie pas ce que Pierre offrait à son bébé.

    Pour en revenir à ses désirs, Geneviève avait besoin de se créer son propre monde. Le parc Montsouris était un lieu propice à la méditation et aux rencontres. Lors de ses promenades, elle s' installait un peu à l'écart. Geneviève avait fait justement connaissance et sympathisé avec une jeune maman comme elle prénommée Martine. La jeune femme lui inspirait confiance. Geneviève avait tellement besoin de sociabiliser avec de jeunes femmes de son âge en dehors de ce cocon pourtant bien sécurisant qu'était l'entourage de la villa mit à sa disposition. Les employé à son service, tout dévoués à sa petite ou à elle-même, étaient trop à l'écoute de ses moindres  besoins, ce qui la gênait un peu.

    Après avoir bien papoté entre femmes, et respirer à plein poumons un bon bol d'air, les deux jeune mamans qui avaient sympathisé, rentraient tranquillement à pieds sans oublier de s'arrêter à la terrasse d'un café se trouvant sur leur trajet de retour afin de collationner. Puis elles prenaient congé l'une de l'autre et s'en allaient chacune de leur côté. Geneviève évitait de trop penser au décès qui l'avait ravagé et privé de ce bonheur qui lui avait été enlevé trop vite et trop tôt. Le décès de son amour la hantait toujours... Vivre tout le temps dans l'entourage de pierre l'étouffait. Elle avait trop envie de sortir de sa cage dorée. Il ne l'empêchait pas d'aller et de venir comme elle l'entendait, mais le fait qu'il se rende de plus en plus indispensable dans son existence, la rendait mal à l'aise. Pourtant, elle se sentait redevable vis à vis de son ami. La petite Elisabeth s'apprivoisait, heureuse de vivre et de se sentir aimée. Tout semblait se dérouler  pour le mieux, dans le meilleur des mondes, si ce n'était cette envie de liberté qui la tenaillait, tout en étant rongée par la peur que son mari ne la retrouve. L'angoisse refaisait surface à chaque fois que cette idée venait subrepticement torturer son esprit et lui gâcher sa tranquillité. Dans ces moments là, son ami Pierre était là pour l'aider à surmonter sa déprime surtout lorsque Bob se rappelait à sa mémoire et que son cœur souffrait de son absence au point qu'elle perdait tout contact avec la réalité. Ce sentiment de solitude se réveillait surtout lorsque le soir tombait. Qu'allait-il advenir d'elle si elle ne parvenait pas à l'oublier ? Elle avait en charge sa petite fille et tant qu'elle se sentirait à l'abri grâce à l'hospitalité de son ami Pierre qui, malheureusement, n'était pas toujours là, son métier y étant pour beaucoup, elle refuserait l'insécurité de son deux pièce médiocre. Ce chirurgien ne comptait pas ses heures lorsque son service se prolongeait tard dans la nuit, surtout si l'on avait un besoin extrême de ses services.

    Pour ce qui était de l'amour étant encore trop présent dans son cœur et qui accaparait toute ses pensées, nul autre homme ne saurait le remplacer. Elle était très reconnaissante envers Pierre pour sa bonté, mais elle ne l'aimais que d'une amitié sincère. Cela n'allait pas plus loin. Elle était consciente de tout ce qu'il faisait pour elle et son enfant, mais ça s'arrêtait là. Souvent Geneviève avait l'impression de sentir son cher amour que le destin lui avait enlevé une nuit d'orage, tout près d'elle. Certaines nuits, sa présence la troublait au point qu'elle se réveillait, sentant son odeur qui enveloppait tout son corps. Elle sentait la proximité de sa peau et ils lui arrivait même d'avoir l'impression qu'il lui parlait, l'embrassait, la caressait et qu'il lui faisait l'amour. Au petit matin, Geneviève était fatiguée, étourdie, mais heureuse. Cette nuit de douce tendresse avec celui dont elle ne pouvait oublier ses mains sur a peau, la troublait encore. Ces jours là, la tristesse mélangée à se bonheur entrevu pendant la nuit, la plongeait dans ses souvenirs et la bulle dans laquelle elle se réfugiait, et qui n'était là que pour l'isoler de l'extérieur afin de jouir égoïstement des caresses de Bob, de l'amour qui lui prodiguait et dont elle goûtait encore les bienfaits, l'apaisait. Au matin, elle se réveillait entièrement à lui. 

    Pierre s'évertuait à lui faire admettre que ce n'était que des rêves qu'elle entretenait elle-même pour se rassurer et ne pas oublier trop vite Bob. Son cerveau n'acceptant pas l'évidence de sa mort, reproduisait synthétiquement toutes les odeurs pouvant lui rappeler ce qu'il avait été pour elle et qu'il représentait encore à ses yeux. Pierre essayait de lui faire comprendre qu'elle mettrait du temps à oublier cette tragédie et ce qu'elle ressentait certaines nuits était normal puisque qu'elle nourrissait et chérissait son souvenir qu'elle voulait inaltérable pour le confort de son âme. Pierre essayait avec le plus de tacts possible, de lui faire réaliser que Beaucoup de personnes, après avoir perdu un être cher, vivaient des expériences similaires à la sienne. Il ne fallait pas qu'elle se complaise dans cette atmosphère surnaturelle qu'elle entretenait inconsciemment, et dans laquelle elle se plaisait afin d’échapper à une réalité qu'elle trouvait sans saveur et qu'elle rejetait en bloc. Tant qu'elle resterait agrippée à ses fantasmes, elle ne pourrait pas avancer dans sa vie. Elle devait affronter courageusement, avec son aide, le départ de son bien aimé. Elle ne devait pas chercher à  vivre à travers son amour décédé depuis quelques mois déjà. Elle se devait de puiser ses forces dans ce que la vie lui offrait, et construire son existence avec ce qui était réelle.

     

    A suivre...

     

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