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    Refus du passé

     

    Une quinzaine de jour s'écoulèrent avant que Geneviève ne soit remise de sa chute. Elle sentait le moment où elle devrait, de nouveau, refaire un essai, mais cette fois, ce serait auprès de sa mère afin de récupérer sa petite fille. Quant à son mari, ne comptant pas reprendre la vie commune avec lui, elle tâcherait de se retrouver seule dans leur taudit pour récupérer ses bagages abandonnés l'autre soir en s'enfuyant. Mais avant, elle désirait faire un détour par l'hôtel ou Bob et elle s'étaient tant aimés. Pierre ne pouvait aller contre sa volonté sans se la mettre à dos. Il fallait qu'elle vienne à lui de son plein grès. Le projet de sa protégée ne lui convenait guère, mais il se devait de la laisser dire adieu à son bien aimé, sachant que le jeune homme était décédé le matin même, et qu'elle ne pourrait aller à son enterrement à cause de l'oncle. A ses yeux, tout ce que le destin lui imposait depuis sa plus tendre enfance, était bien trop dur à supporter pour la jeune femme. Il  s'était fait violence pour la tenir au courant de l'évolution du comas de Bob sans trop insister sur  la déclinaison de son état qui allait en se détériorant : la médecine et la chirurgie avançait, mais pas encore assez vite pour des cas comme le siens. Geneviève devait faire le deuil se l'être aimé. Elle en avait besoin afin de supporter son absence définitive pour continuer d'avancer dans sa vie avec son aide. Pierre sentait que sa protégée désirait revivre son grand amour où il avait débuté. Elle ne pourrait pas faire son deuil si ce lien ne se rompait pas et pour ça, il devait la laisser accomplir ce pèlerinage. Ensuite, il devait lui laisser le temps nécessaire pour que sa douleur  s'estompe et avant qu'elle ne songe à lui autrement qu'à un ami... 

    De retour dans la suite que Bob avait loué pour tous les deux le fameux jour ou il avait décidé de ne pas suivre les conseils de son oncle qui s'avéraient être plutôt des ordres, Geneviève respirait ce parfum caractéristique de la chambre ou elle avait connu l'amour véritable. Comme avec lui, elle s’appliqua à refaire les gestes dont elle se souvenait, et décida de prendre un bain parfumé ou elle se laissa aller un bon moment puis, se s'enveloppa dans les grandes serviettes moelleuses. Elle  sécha ses cheveux, se maquilla, se parfuma comme au soir ou il l'avait découvert en tenue légère sur la moquette aux longs poils ressemblant à de la laine de lamas. Geneviève revivait lentement ces doux moments d'abandon entre ses bras. Elle avait cette agréable impression de ne pas se sentir seule. L'eau de toilette de son cher amour flottait autour d'elle, lui donnant l'impression qu'elle se trouvait encore au creux de ses bras. Des larmes coulaient sur son visage et des sanglots lui étreignait le cœur au poing qu'elle n'arrivait plus à respirer. Elle hoquetait et sa souffrance lui faisait murmurer le nom de Bob. Ses larmes s'éternisèrent jusqu'à l'épuisement. Elle se leva péniblement et se dirigea vers le lit ou ils s'étaient aimés toute une nuit. Ils n'avaient pas quitté leur suite pendant une journée entière. Elle repensait à toutes ces choses et désirait retrouver Bob dans ses rêves. Ses pensées n'étaient que pour lui. Tout son corps de femme amoureuse n'attendait que son amour. Il ne viendrait plus jamais la prendre dans ses bras, l'embrasser tendrement, la caresser amoureusement et lui avouer sa tendresse. Dieu que c'était dur de continuer à vivre sans lui ! Geneviève finit par sombrer de fatigue toute habillée dans un sommeil profond. Dans son rêve, Bob était là, bien vivant à côté d'elle. Il lui parlait tendrement, la couvrait de doux baisers, et lui assurait qu'il serait toujours à ses côtés et que la mort n'était rien qu'un passage. Elle entendait sa voix, sentait son odeur. Ils  s'étaient aimés et sa jouissance était aussi forte, aussi réelle que s'il avait vraiment été à ses côtés.

    Le lendemain matin, lorsqu'elle s'éveilla, elle était nue. Pourtant, elle se souvenait s'être endormie toute habillée ? Elle appela Bob qui, bien sûr, ne répondit pas. Cependant Geneviève était sûr qu'ils s'étaient aimés cette nuit. Elle sentait encore la douceur de ses mains sur elle. Pourquoi ne répondait t-il pas ?  Elle ne comprenait plus. Devenait t-elle folle ? Était-ce elle qui s'était déshabillée dans un demi sommeil ? Pourquoi, dans ce cas, n'avait-elle pas passé sa nuisette ? Frileuse de nature, elle ne dormait jamais nue. Et ce parfum d'homme qui ne quittait pas leur lit ? Même les draps et les oreillers s'en trouvaient imprégnés ! Geneviève commençait à douter sérieusement d'elle. Elle résolue d'aller se confier à Pierre Grangier. Il fallait qu'elle comprenne ce qu'il lui arrivait !

     

     A suivre...

     

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